Les seigneurs de Domeyrat

Les grandes familles de Domeyrat

Au cours de son histoire, la seigneurie de Domeyrat a vu plusieurs grandes familles se succéder à sa tête. Depuis sa construction jusqu’à son abandon progressif bien des siècles plus tard, le château a servi de majestueuse demeure à de nombreuses générations de seigneurs.

Dans cet article, nous allons présenter les trois principales familles a avoir été à la tête de la seigneurie de Domeyrat : les Papabeuf, les de Langheac et les de La Rochefoucauld.

Les Papabeuf

Les Papabeuf sont sans doute les premiers seigneurs de Domeyrat. Ils ne sont pourtant pas originaires de la région de Domeyrat mais plutôt de celle de Sauxillanges, plus au nord, dans le Livradois. En effet, la plus ancienne évocation connue de cette famille concerne un don d’un certain Etienne Papabeuf au prieuré de Sauxillanges, en 1114.

Le nom de Papabeuf est associé pour la première fois à Domeyrat plus d’un siècle plus tard, en 1250. Astorg Papabeuf rend hommage à Alphonse, Comte de Poitiers et frère de Louis IX (Saint-Louis), pour le château et le fief de Dalmeyrac (Domeyrat). En 1250, les Papabeuf étaient donc déjà seigneurs de Domeyrat et le château était déjà construit (dans une forme dont il ne subsiste pas de trace aujourd’hui). Nous ignorons cependant la date exacte d’arrivée de la famille à la tête de la seigneurie ainsi que celle de la construction de la forteresse.

Les Papabeuf restent seigneurs de Domeyrat au moins jusqu’en 1348. A partir de cette date, ce qu’il advient de ce lignage devient flou. C’est à cette date que décède le seigneur Bertrand Papabeuf. On ignore ce qu’il advient de son jeune fils Astorg dans les années qui suivent. Le milieu du XIVème siècle est en effet une période troublée. Elle correspond au début de la Guerre de Cent Ans et à l’épidémie de Peste Noire qui ravage l’Europe. Il n’est pas impossible que la famille Papabeuf ait été victime de ces désastres.

Les de Langheac

Le château et la seigneurie de Domeyrat connaissent sans doute leur apogée sous la direction de la famille de Langheac, qui compte parmi les plus grands lignages d’Auvergne. Après une période durant laquelle l’histoire de Domeyrat demeure assez obscure, la seigneurie devient propriété de la famille de Langheac. La façon dont la famille hérite de ce titre est inconnue. Toujours est-il qu’en 1387, Pons de Langheac, sénéchal d’Auvergne, est décrit comme seigneur de Domeyrat.

Son fils, Jean de Langeac, également sénéchal d’Auvergne après son père, épouse en second mariage (il est veuf de sa première épouse) Marguerite Gouge. Ce mariage aura des conséquences importantes pour le château. En effet, l’oncle de Marguerite n’est autre que Martin Gouge, évêque de Clermont. Cet homme influent va financer dans les années 1430 un important remaniement du château, qui adopte alors l’apparence que l’on connaît aujourd’hui. De plus, Martin Gouge bénéficia possiblement de l’aide du roi de France Charles VII, dont il était un ardant partisan. Le roi cherchait en effet à fortifier le Royaume en ces temps troublés par la Guerre de Cent Ans. Grâce au soutient financier et matériel de Martin Gouge, le château de Domeyrat devient alors une imposante forteresse au sein de laquelle se cache une véritable demeure de luxe pour les deux époux, Jean et Marguerite.

Au total, une petite dizaine de membres de la famille de Langheac se succèdent à la tête du château, sur une période d’environ deux siècles : de la fin du XIVème siècle à la fin du XVIème siècle.

Les de La Rochefoucauld

En 1586, Françoise de Langheac, dernière héritière de la famille, épouse Jean de La Rochefoucauld. La propriété de la seigneurie et du château change donc de lignée par ce mariage. Les deux époux agrandissent la seigneurie en 1591, en achetant les terres de Senèze et de la Chomette. Ce sont également eux qui font rénover l’intérieur en faisant peindre les fresques que l’on peut encore en partie observer aujourd’hui (au rez-de-chaussée de la tour nord-ouest et au premier étage de la tour sud-ouest, dans l’oratoire). Enfin, ils font faire l’une des deux cloches de l’église prieurale du village.

Françoise de Langheac décède en 1616 et son mari quelques années plus tard, en 1626. Leurs trois fils se succèderont ensuite à la tête du château. En 1656, Henry de La Rochefoucauld vend le château de Domeyrat à Christophe de Beaune. Le neveu de ce dernier, Joachim de Montagu, hérite ensuite du château. Les de Montagu finiront par vendre le château aux frères Fargès, qui seront propriétaires du château de 1773 jusqu’à la Révolution Française, période durant laquelle le château finira par être en partie démantelé, notamment pour récupérer les belles pierres de taille.

Les blasons des familles de Langheac et de La Rochefoucauld. Ces dessins sont issus de Domeyrat, Seigneurie du bas pays d’Auvergne et son château médiéval, par Louis Pralong. Le blason de la famille Papabeuf n’est pas connu à ce jour.

A quoi ressemblait le château au Moyen-Age ?

Reconstituer l’apparence d’un monument historique

Quelle pouvait-être l’apparence exacte du château de Domeyrat durant le Moyen-Age ? Comment obtenir des indices qui permettraient de le savoir ? C’est ce que nous allons voir rapidement dans cet article.

Reconstituer l’apparence passée d’un château médiéval n’est pas une mince affaire. En effet, les dégradations liées au temps ou à l’histoire propre de la bâtisse nous permettent seulement d’avoir des informations parcellaires. Il est alors nécessaire de combiner diverses méthodes permettant de retrouver un maximum de données manquantes.

Voici donc quelques exemples de méthodes qui permettent d’en apprendre plus sur le passé d’un château. Premièrement, l’étude architecturale. A partir des connaissances sur les méthodes de construction ainsi que par comparaison avec d’autres bâtisses de la même époque reprenant le même schéma architectural, il est possible d’émettre des théories sur l’apparence probable du château. Des fouilles archéologiques permettent également de mettre à jour de nombreux indices : mobilier, éléments architecturaux enfouis ou encore peintures et autres traces de décors. Enfin, les recherches documentaires et historiques sont très précieuses. De nombreuses informations peuvent ainsi être retrouvées dans des documents d’époque. Un long travail d’enquête est alors à réaliser, dans lequel il faut entrecroiser les sources, étudier les travaux de différents chercheurs sur le sujet.

Le château de Domeyrat au XVème siècle

L’apparence actuelle du château de Domeyrat provient majoritairement de travaux de grande importance effectués au XVème siècle. On retrouve cependant des éléments issus de travaux postérieurs. Il est en effet important de noter que beaucoup de châteaux sont remaniés plusieurs fois au cours de leur histoire, ce qui peut entraîner une perte d’information concernant l’apparence antérieure au remaniement. Domeyrat n’échappe pas à cette règle. Il est en conséquence quasiment impossible de savoir à quoi ressemblait précisément le château avant le XVème siècle. A cette époque, le château de Domeyrat a été très fortement rénové par le seigneur Jean de Langheac et sa femme Marguerite Gouge, qui ont bénéficié de l’aide financière et matérielle de Martin Gouge, évêque de Clermont et oncle de Marguerite.

Ces plans et dessins offrent une vision d’une apparence possible du château de Domeyrat au XVème siècle. Ils sont issus de l’étude effectuée par M. Christian CORVISIER en 2006, sous la direction de M. Stefan MANCIULESCU, architecte en chef des monuments historiques.

Présentation du village et de son histoire

La commune de Domeyrat

Domeyrat est une commune rurale du nord de la Haute-Loire, située entre le bourg de Paulhaguet et la ville de Brioude. Elle s’étend sur une surface de 957 hectares, à une altitude moyenne d’environ 500m. Le point culminant de la commune est le Pie de Charenty avec 754m d’altitude.

La Senouire, un affluent de l’Allier, traverse Domeyrat et se jette dans l’Allier quelques kilomètres plus loin, au niveau de Vieille-Brioude.

La commune se compose de 4 hameaux (Senèze, Blannat, Domarget et la Cougeat) et du bourg. Le village possède le label «Pays d’art et d’histoire» qui est animé par les guides conférenciers du SMAT du Haut-Allier. Le château de Domeyrat est de plus classé monument historique. 

Domeyrat durant la préhistoire

L’histoire de Domeyrat commence au Villafranchien supérieur, une période s’étalant de -1.8 millions d’années à -800 000 ans environ. En effet, le hameau de Senèze, situé dans un ancien cratère volcanique dans lequel s’était formé un lac, constitue un haut lieu de paléontologie pour avoir fourni tout un écosystème fossile (mammifères, poissons, oiseaux).

Senèze est considéré comme une référence paléontologique pour la période du Villafranchien supérieur. L’un des fossiles les plus intéressants découverts à Senèze est celui d’un primate très rare. Seuls quelques spécimens fossiles sont connus à travers le monde, dont un seul spécimen femelle : celui de Senèze.

Histoire du village

On retrouve plusieurs anciennes appellations pour le village de Domeyrat, notamment «Dalmeyrac». Son histoire est connue depuis le Moyen-Age, au début du XIIème siècle plus précisément avec l’installation du prieuré casadéen, dont il ne reste aujourd’hui plus que la cure et l’église. Cette dernière est composée de deux travées de nef voûtées en berceau, une travée à la suite voûtée en coupole portant le clocher. Le chœur circulaire voûté en cul-de-four est orné intérieurement par une série d’arcatures soutenues par des colonnettes à chapiteaux sculptés de personnages symboliques.

Les seigneurs de Papabeuf, originaires des environs de Sauxillanges dans le Puy-de-Dôme, deviennent seigneurs de Domeyrat à une date inconnue, probablement au cours du XIIème siècle. La plus ancienne mention connue du château date de 1250, lorsque Astorg Papabeuf rend hommage à Alphonse, Comte de Poitiers et frère de Louis IX, roi de France. La date de fondation exacte du château est également inconnue. 

La famille Papabeuf disparaît subitement en 1348, peut-être victime de la peste noire. Plusieurs familles se succèderont ensuite à la tête de la seigneurie de Domeyrat, notamment les Langheac et les La Rochefoucauld.

Le château de Domeyrat acquiert l’apparence dont on voit aujourd’hui les ruines durant le XVème siècle. En effet, en ce début de siècle, Jean de Langheac, seigneur de Domeyrat, épouse Marguerite Gouge, nièce de Martin Gouge, évêque de Clermont. Ce dernier finance un important remaniement du château, qui devient alors une luxueuse demeure tout en ayant un aspect de forteresse. Martin Gouge a peut être lui même profité de soutiens de la part du roi de Charles VII, qui fortifiait le royaume durant la fin de la guerre de Cent Ans. 

Le pont roman qui enjambe la Senouire est également bâtit durant le XVème siècle.

Lors de la Révolution Française, le château constitue un symbole de l’ancien système féodal, ainsi qu’une remarquable réserve de belles pierres. Il est peu à peu démantelé et l’on peut retrouver certaines des plus belles pierres de taille du château dans les maisons anciennes du village.

Enfin, le château devient la propriété du Conseil Général de Haute-Loire en 1979 avant d’être classé monument historique en 1983.